Accueil

 

Sur les traces du DC20 Suisse !!

Cliquez pour photos

Pour faciliter la lecture de cet article un sommaire vous est proposé

1) Arrivée à Estavayer le lac 5) DC20 MKII et MKIII
2) La visite du chantier Périsset 6) Chevroux et jo PIPOZ
3) Pourquoi un DC20 suisse ? 7) L'association suisse de DC20 avec Rémi Balmer!
4) Pourquoi la fin du dc20 Périsset ! 8) Balade sur le lac de Neuchâtel avec Martine !

 

Pour nos vacances 2005, nous avons décidé de partir sur les traces du DC20 Suisses. Nous avions un nom sur une carte comme destination, Estavayer le lac, lieu de construction du DC20 Suisse par le chantier Périsset. Cela fait une petite trotte de Bretagne mais les voies expresses et les autoroutes nous permettent d'aller plus vite qu'en bateau !

 

1) Arrivée à Estavayer le lac
Partis le matin de bonne heure, nous arrivons en milieu d'après midi et nous cherchons rapidement à planter notre toile. Là, une surprise nous attend. Nous croyions naïvement qu'en Suisse le camping serait tranquille et sympa. Notre surprise est grande lorsqu'on constate que le camping d'Estavayer le lac est bondé. On se croirait à Quiberon entre le 1er et le 15 Août !!. Pas question de rester là mais nous ne pouvons pas nous éloigner trop du chantier Périsset objet de notre voyage. Les Suisses sont très sympas dans ce secteur et ils parlent tous français, c'est la Suisse Romande. Nous avons vite compris qu’il ne fallait pas confondre un Suisse Roman, d'un Suisse Alémanique. C'est une Suissesse ... forcément Romande qui nous indique un camping à la ferme à quelques Km d'Estavayer. Elle pousse même l'amabilité jusqu'à nous guider en voiture. Nous n'avons plus qu'a suivre une petite route qui arrive directement au camping dominant le lac de neuchâtel.
Super ! On va pouvoir se poser enfin !! . J'ai laissé dans la série de photos illustrant cet article l'adresse de ce petit camping, cela peut rendre service !
Le lendemain démarre en douceur avant de prendre le chemin du chantier Périsset. J'appelle Alexandre propriétaire du DC20, N°101, premier DC20 construit en Suisse que les joies du net m'ont permis de rencontrer virtuellement. Nous nous donnons rendez vous pour l'après midi au chantier. Je cherche pendant ce temps à joindre M. Périsset et c'est ... Mme Périsset, la fille du constructeur qui me reçoit. Je lui avait écrit il y a quelques temps en lui annonçant ma visite à laquelle elle ne croyait pas. Je prends rendez vous pour l'après midi. M. Périsset n'est pas là, il se bronze en Espagne, le veinard !. Sa fille d'une gentillesse extrême connaît tout du DC20. Elle va nous ouvrir largement les portes de son chantier et de ses souvenirs. Mille mercis à elle !!
Je dépose manou à la plage d'Estavayer, la vieille plage, celle qui est en herbe, l'autre ... artificielle est bondée. Je me dirige vers le chantier avec ma photocopieuse sous le bras. Alexandre m'attend. Elève architecte, il a la passion des bateaux. Son DC20 est un vrai bijou et il restaure un jollen tout en bois.


2) La visite du chantier Périsset:
Mme Périsset nous fait l'honneur de la visite complète du chantier. Elle nous montre même suprême trésor des articles neufs -vieux de 35 ans- du DC20 qui servent au chantier à dépanner quelques propriétaires. Si vous cherchez une porte en acajou, des mains courantes, des tiroirs ... ne cherchez plus et allez au chantier Périsset. Elle a même refait fabriquer des balcons avant qui conviennent bien pour le dc20.
Mme Périsset nous ouvre aussi ses archives. Elle retrouve le guide remis à l'époque à chaque propriétaire de DC20 par l'association des DC20 Suisses. C'est sur ce livret que j'ai photographié les 115 premiers propriétaires de dc20 suisse ..... car faute de prise électrique adaptée, je n'ai pas pu brancher mon copieur (il aura fait le voyage pour rien!). Merci à Mme Périsset pour les trésors qu'elle m'a confiés
Après les combles et les archives du chantier Périsset nous descendons dans les ateliers qui ont vu naîtrent tous les dc20 anciens. La scie à ruban objet d'antiquité toujours en service a été utilisée pour découper la lisse de mon DC20 Périsset n°186. Je la caresse avec tendresse au passage.
Je me promène dans l'atelier du gréement et dans la zone d'assemblage parfaitement éclairée par la lumière naturelle. Rien n'a changé depuis trente cinq ans. C'est un miracle de pouvoir retrouver ce passé intact !
A proximité du coeur du chantier, M. Périsset a développé la fabrication de ses propres bateaux, les anciens ateliers sont vides l'été, ils servent l'hiver à stocker les bateaux en gardiennage et à faire des petites réparations, principale activité du chantier actuellement. Des moules des différents bateaux construits par le chantier Périsset sont soigneusement empilés, sauf ceux du DC20 et pour cause !.
Je lui ai posé la question du pourquoi du dc20 en Suisse et de l'arrêt de sa production. Elle a été assez discrète sur la question de sa fin en me donnant comme argument principal son prix face à une réelle concurrence à l'époque. J'ai cherché à en savoir plus et ma discussion avec Jo Pipoz rencontré par hasard quelques jours plus tard, avec Alexandre et Eric, le président de l'association Suisse de DC20 - que j'ai également rencontré- me permet de vous donner une version plus complète de l'histoire.


3) Pourquoi un DC20 suisse ?:
En fait cela tient à l'incendie du hangar qui abritait une grande partie des bateaux en bois régatant sur le lac de Neuchâtel ( Jollen et Bélouga principalement). Les anciens propriétaires, privés de bateau décident de choisir un nouveau bateau apte à la régate. Il opte pour le plastique qui commence à avoir fait ses preuves. Nous sommes en 1963. L'un des leurs, M. Bacchi prend connaissance d'un article sur le dc20 et décide d'aller au salon de Paris pour voir ce fameux DC20. A Paris il rencontre l'architecte Silvant et ils décident qu'un DC20 serait mis à la disposition d'un équipage Suisse lors de la prochaine régate de La Rochelle. A l'époque c'était une régate très réputée pour les habitables. Les Suisses arrivent à La Rochelle : Bacchi, Pipoz et un de leur ami. Ils ne connaissent personnes. Le premier jour, ils découvrent le bateau et travaillent tard le soir après la première manche pour le mettre à leur main. Le lendemain, ils font un départ canon sous spi et prennent la tête de la manche. Il faut savoir que les Suisses naviguant sur le lac -couteau entre les dents- sont habitués à sortir le spi même sur des distances très courtes. Ayant fait montre de leur savoir faire, l'équipage suisse est adopté rapidement par les autres régatiers. Ils terminent dans les tout premiers au général et décident d'adopter " le " DC20.


4) Pourquoi la fin du dc20 Périsset !
Il restait à trouver un constructeur. Ce fût Périsset. Les contrats furent signés entre les parties. En germe l'accord portait aussi la cause de la rupture. Le contrat liait l'architecte Silvant, l'association du DC20 Suisse qui avait le droit de fabrication, Bacchi, l'intermédiaire skippeur de la première régate et Périsset le constructeur qui lui même sous- traitait la fabrication de la coque à Polyform. Le 22 mai 1965, Bernard Périsset mettait à l'eau le premier DC20 suisse. Le 22 avril 1967, un appéritif était organisé pour fêter le baptême du 50è DC 20. Tant que le DC 20 se vend bien, il n'y a pas de problème, tout le monde retrouve ses billes. Mais le DC20 suisse avait un prix de vente élevé. La concurrence devint de plus en plus active avec la sortie de nouveaux modèles de bateau et les ventes devinrent moins faciles. Le montage juridique prévoyait des prises de bénéfice à chaque niveau du contrat et le dernier servi était le constructeur qui devait en plus faire les rabais au client sur sa propre part. M. Périsset décide alors de construire son propre bateau. L'association Suisse considère qu'il y a plagiat avec le DC20 et que cette concurrence est déloyale. Elle obtient de retirer le droit de construction du DC20 à M. Périsset. Celui ci doit même casser ses moules ! Triste fin pour une si belle histoire ....Fin du premier épisode.


5) DC20 MKII et MKIII
L'association Suisse et l'intermédiaire M. Bacchi décide de rechercher un nouveau constructeur et de faire des modifications sur le DC20 pour que le prix de vente du bateau chute sensiblement. Ce nouveau bateau garde la coque du DC20 qui a fait ses preuves mais gagne en habitabilité. Ils économisent là ou c'est possible. Ce bateau MKII pourtant remanié par Silvant n'est pas très "beau" (jugement personnel mais assez largement partagé). De plus, il est très régulièrement battu en régate par le DC20 Périsset. Là encore les ventes du MKII se font mal et la production est finalement arrêtée. L'association sans l'intermédiaire cette fois de M. Bacchi essaie de relancer un nouveau DC20. C'est le MKIII. La coque est la même mais la ligne du bateau est plus moderne et l'habitabilité réelle. Ce bateau construit à Chevroux est un bon bateau, bien construit. Il est aussi rapide que le DC20 Périsset tout en étant plus confortable. Le pari technique est gagné mais le prix de vente et la concurrence ne lui permettent pas de percer. La production s'arrête là aussi. Pour la petite histoire M. Silvant fini après quelques années -grâce à une grande persévérance- par toucher les royalties qui lui étaient dues par l'association sur chaque MKIII construit. Voilà résumé en quelques lignes ce que j'ai appris. Ce n'est peut être pas toute la vérité mais nous n'en sommes sûrement pas loin. Si vous avez des infos qui démentent ou complètent ce récit n'hésitez pas à m'en faire part.


6) Chevroux et jo PIPOZ
Après cette journée consacrée au chantier, nous décidons d'aller voir le lendemain le bateau d'Alexandre à Chevroux lieu de construction du MKIII par M. Bachmann, un peu plus bas sur le lac. Nous le retrouvons en train de restaurer un jollen tout en acajou. Quelle belle pièce! Plus loin, j'en verrai d'autres et l'un deux - en plastique - me conduira par hasard à rencontrer Jo Pipoz, l'essayeur des dc20 dans les années 65-70. L'association offrait à chaque nouveau propriétaire, une prise en main du bateau confiée à Jo Pipoz. Cela permettait aussi à chaque nouveau propriétaire d'intégrer l'association des propriétaires. La vie est douce sur le lac de Neuchâtel pour Jo Pipoz et ses amis. Ils y passent de longues vacances en cheminant d'un lac à l'autre, les 3 lacs étant reliés par des canaux. Il ne faut pas se tromper sur leurs airs paisibles. Mille détails montrent que leurs bateaux sont super affûtés. En régate, ils doivent être encore redoutables !!
Le bateau d'Alexandre est vraiment superbe. Faute de vent, nous ne pouvons l'essayer ce jour là.
Le lendemain, nous décidons de rendre visite à Martine qui a mis son DC20 en vente sur le site quelques jours avant notre départ en vacances. Le bateau est dans le port de Neuchâtel en pleine ville. Ce DC20 n'a subi aucune modification, il est vraiment dans son jus et en parfait état. Seul le gréement courant a souffert comme il se doit du temps qui passe. Le jollen plastique voisin de mouillage du bateau de martine montre clairement le lien de parenté existant entre les deux bateaux, lien de parenté que n'écarte d'ailleurs pas l'architecte Silvant dans ses propos sur l'origine du DC20. Martine nous fait le tour du propriétaire. Le contact est bon entre "DC20iste".
Une sortie sur le lac est programmée le sur lendemain pour essayer plus a fond le bateau et découvrir le bain à neuchâteloise !

7) L'association suisse des propriétaires de DC20 présidée par Rémi BALMER
Le lendemain nous prenons la route de Morat afin d'y rencontrer Rémi BALMER. Morat est située sur le lac du même nom. Ce lac est relié à celui de Neuchâtel par un canal comme je l'ai indiqué plus haut. La rencontre se fait près du port bien évidemment et Rémi nous propose de visiter son bateau un DC20 MKIII. La ligne plus moderne est agréable mais la différence essentielle se trouve à l'intérieur où l'impression d'espace est bien réelle. Je rappelle qu'au niveau de la coque, il n'y a pas de changement avec le DC 20 ancien. Il nous indique que l'association n'est plus réellement active mais qu'il garde précieusement toute la documentation de l'association. Il nous invite à le suivre chez lui. Le secrétariat de l'association était particulièrement bien tenu et c'est une documentation extraordinaire qui nous attend. Elle dit tout sur le dc20 suisse et la vie à cette époque. C'est un morceau d'histoire que je feuillette. Tout y est, y compris les démêlés juridiques de l'association. Le temps passe vite et il nous en faudrait beaucoup plus pour tout compiler. Manou me fait signe qu'il est de temps de passer à autre chose. Encore un tour sur le port pour finir la balade et nous décidons de rentrer à Estavayer le lac après avoir remercier Rémi pour son amabilité et sa gentillesse. Nous reviendrons peut être un jour !


8) Balade sur le lac de Neuchâtel en DC20 avec Martine !
Le lendemain nous sommes à l’heure au rendez vous de martine. Un tour en dc20 cela ne se rate pas ! Fruit d'une longue habitude, elle nous fait admirer sa dextérité pour sortir de sa place de port. Le moteur crachote doucement pendant que les grêbes huppées plongent dans l'eau limpide du port. La voile est hissée dès la sortie du port. Les risées sont rares et le génois en tête de mat a bien du mal à se gonfler. Pourtant, petit à petit, le bateau fait son vent et commence à bouger. Martine pilote Jelly Roll du bout des doigts. Elle est vraiment à son aise sur son bateau. Ce sera à l'évidence un grand sacrifice pour elle de se séparer de ce compagnon de tant d'escapades sur le lac et du souvenir de son père. C'est xavier que martine choisira pour céder Jelly Roll. Xavier pensait à l'époque que son propre bateau suite à une collision frontale, serait difficilement réparable ce qui n'a pas été le cas au final. Jelly Roll a été acheté en définitive par un autre amoureux du DC20 et il est prêt maintenant pour d'autres belles balades sur le Golfe du Morbihan.
Merci Martine, pour ton accueil exceptionnel, pour cette balade sur le lac où nous nous sommes baignés à la neuchâteloise, pare battage au bout d'une corde nous servant de bouée ... ! Merci aussi pour le charmant restaurant que tu nous as fait découvrir.
Bientôt nous le savons, tu viendras nous rendre visite en Bretagne pour revoir ton bateau et je te ferai découvrir à mon tour Plijadur, un suisse, frère jumeau de Jelly Roll.
Cette balade sur le lac marque la fin de notre séjour sur les traces du DC20. Nous avons découverts des gens chaleureux et fans de voiles. Ce n'est pas étonnant que les Suisses soient détenteurs de la coupe de l'América ! Riches de ces contacts et sur les conseils de l'un d'eux nous prenons la route de Zinal d'où nous allons découvrir la Suisse montagneuse, les glaciers des Alpes et les randonnées en altitude. Je vous conseille ce détour somptueux si vous aussi vous allez rechercher en Suisse, les traces du DC20.
Les photos jointes vous feront découvrir sous un autre angle ce séjour sur les lacs suisse et les traces du DC20!

Cliquez sur "Photos"

Alain