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La Petit navire grand plaisir (PNGP)

DC20

La PNGP, vous ne connaissez pas ? Faites un effort ! Non ? Je vous guide un peu.
C’est la célèbre régate organisée pour la première fois en 2012 par les amis de Conleau dans le Golfe du Morbihan ! Non, toujours pas ?
Alors, je vous en dits un peu plus.

PNGP « Petits navires Grand plaisir »,  c’est évidemment un nom prédestiné pour nos chers DC20 et en particulier le N° 186 « Plijadur », Plaisir en breton, ….. accentuation sur le ja.. Quoi vous ne saviez pas non plus ? Décidément, en dehors du Golfe on manque de culture nautique et bretonne.

PNGP donc est une régate itinérante de 4 jours réservée aux bateaux d’un groupe inférieur ou égal à 11,5. Elle se déroule la semaine du 14 juillet. Tous les DC20 peuvent y participer même celui de François qui fait des siennes sur le lac d’Annecy en groupe 11. L’autonomie complète est de rigueur en boire et en manger pour les hommes et le bateau ! Deux exceptions notables sont à souligner.  Le dessert du soir prévu par l’organisation est pris en commun aux sons des guitares et des flûtes sur la plage. Cela vous donne une idée de l’ambiance de la soirée. Le matin, une baguette fraîche est livrée directement à chaque bateau pour faciliter le réveil de la troupe. Une façon sympa de faire sonner le « la » de la régate à venir.

1-2 ou 3 manches sont courues chaque jour.

Pour vous, je vais m'efforcer d'aller encore plus loin. La première impression est la page blanche car cette régate date déjà d'un an. Mais en tirant le bout du fil de la mémoire toute la bobine d'images et de sons se déroule peu à peu. Commençons donc par le début:

"Il était une fois" ....

Jour 1 :
Manche 1
Le briefing est à 10h le mardi sur la cale d’Arradon. Le départ est donné une heure après juste en face de la cale, direction Méaban en baie de Quiberon. L’arrivée sera jugée entre la cardinale sud de Méaban et le bateau comité. Mistral gagnant  étant sans équipier, nous déléguons ce jour là Jacky l’ainée des frères NICOLAS, mes équipiers habituels sur les grands évènements. Amélie n’a pas voulu se séparer de Julie. Nous verrons plus tard pourquoi.
Il nous faut donc sortir du golfe. Le courant est favorable mais le vent contraire. C’est un peu rapide comme départ pour nous.
Je venais d’investir dans un magnifique génois bleu roy pour faire vieux gréements, (nous sortions d’une excellente semaine du Golfe mais ça c’est une autre histoire). Sans repère particulier, j’ai réglé le génois comme d’hab sauf que là rien à faire. Le bateau était complètement planté. Toute la flotte nous est passée dessus. Il m’a fallu du temps pour trouver enfin la marche avant de ce magnifique génois bleu ! Nous arrivons à Méaban assez loin des meilleurs et en particulier du microsail quillard, bien optimisé dont je reparlerai également.
Le regroupement à la bouée est propice à la pause casse-croûte. Les bateaux tournent, génois roulé. D’autres se mettent à la cape.
Tous font le nécessaire  pour ne pas chavirer le nectar emporté. Pour notre part, nous sommes adeptes du cubit de 5l pour le rouge, vous voyez la délicatesse de l’équipage. Bien rectangulaire, il ne bouge pas du tout sur le meuble à tiroirs bâbord dans la cabine. Le Ricard est lui, sous le plancher avec les bouteilles d’eau. C’est impeccable, côté équilibre et température !
L’organisation profite de cette pause bien méritée pour nous demander si nous voulons bien nous diriger vers la rivière d’Auray pour la seconde manche. L’interrogation faite à la VHF a définitivement donné le ton de la régate. La réponse unanime a été « NON ». On préfère de loin aller vers les îles.


2è manche :
L’organisation qui suit la régate itinérante s’incline bien volontiers. La prochaine manche reliera Méaban et la roche de la « vieille » à Houat.
La marche avant étant trouvée avec le génois, je fais un bord de près tout droit alors qu’une partie de la flotte joue le courant. Plijadur groupe 8, termine au cul du 1er, un flush poker groupe 11 mené par Amélie à la tête de son équipage féminin avec excusé du peu, la certaine Julie 4è au JO de Tokyo en match racing ( on a mieux compris pourquoi, elle n’a jamais voulu "prêter" sa Julie à Mistral Gagnant, une teigne sur l’eau notre Amélie, un cœur d’or à terre).

3è manche
Elle nous permet de relier Hoëdic, l’arrivée étant jugée à la chèvre. Trompé par le clapot de courant que j’ai confondu de loin avec celui du vent, je me suis fait piéger par la pétole sous le vent de Houat, heureusement nous avons été nombreux à tomber dans le panneau de Dame Nature.
La nuit se passera tranquillement dans le port d’Hoëdic. Plijadur ne se met pas à la tonne comme la plupart des concurrents mais comme à son habitude,  va s’échouer directement sur la plage bien calé par deux pare-battages sous la coque ( cf rubrique « association » « forum », « des béquilles molles »)
Si vous ne connaissez pas Hoëdic, arrêtez tout et faites votre sac. Cette île est pour moi, la perle de la baie de Quiberon. Elle est à taille humaine. Elle est assez plate. On fait le tour à pied tranquillement. L’air y est serein. Elle dispose d’un fort qui est rempli de souvenirs de la fameuse barabar ( cf. autre article dans la même rubrique). La soirée sur la plage a été dans la même tonalité, chacun a pris ses marques. Les équipages se sont reniflés pour mieux se connaître. Ambiance cool jusqu’à la nuit noire pour cette première soirée. Le retour au bateau pour les NICOLAS était aisé et la nuit excellente.

Jour 2
De bon matin, la baguette arrive en zodiac. Nous préparons le jus. C’est super bon de déjeuner comme cela avec du pain frais. Un tour de décrassage aux douches de la capitainerie et on est fin prêt.  Petit coup de gueule au passage car qui aime bien châtie bien ! Si l’île est une perle, les sanitaires de la capitainerie sont le point de passage obligé de nombreux voileux …. et la honte de l’île. Il vaut mieux être prévenu quand vous les comparez à ceux flambant neufs, de l’île aux moines

Manche 4 :
La plupart des bateaux sortent du port au moteur. Nous nous faisons un malin plaisir de sortir voiles hautes. Le départ sera donné à la chèvre, la régate ira tourner une bouée de dégagement assez loin dans l’ouest pour filer vers la basse Roaliguen, revenir tourner le danger isolé de locmariaquer et terminer à sud Méaban.
Notre course fut limpide jusqu’au moment ou il me prend de faire envoyer le spi pour nous entraîner un peu à quelques encablures de la basse Roaliguen. Le spi se lève sans problème. Les vagues sont intéressantes pour tester la capacité de planning du bateau (capacité assez faible, on le sait lorsque les vagues ne sont pas là pour nous pousser par vent fort). Nous nous préparons  à arrondir la bouée. Je demande de monter le génois et d’abattre le spi. Là que nenni. Pierre, mon cadet le spiman du bord cherche pourquoi ce « putain » de spi ne veut pas descendre. Nous passons la bouée sans virer. Nous finissons par comprendre. Le mousqueton « une main » de la drisse de spi est pris dans le câble du guignol. Mamamia comment on va faire pour s’en sortir ! Je demande à  Pierre d’étouffer le spi autant que possible et décide de monter au mât. Je confie la barre à Jacky, revenu de son exil sur Mistral Gagnant. Je ne cache pas ma crainte bien légitime en lui disant de rester absolument plein cul car le vent est monté et il n’est pas question de faire le mariole. Pierre me fait la courte échelle et je me hisse sur la bôme, puis sur le tangon et commence la montée à la corde du mât. Je sens la gîte et regarde Jacky qui pris par le spectacle est déjà grand largue. Je saute immédiatement sur le pont. Avec mon poids respectable, je sais que je coucherai le bateau sans difficulté là haut si le bateau ne reste pas à plat. Après un peu de repos, je me décide à remettre le couvert car je vois la côte s’approcher. Je finis par me hisser sur ce mât de cocagne et du bout des doigts réussis à déclipser le mousqueton. Je saute à nouveau sur le pont pendant que le spi est rabattu rapidement par Pierre. Ouff !!, je suis crevé, lessivé par le stress. Ce petit jeu nous a pris beaucoup de temps. La régate est très loin. Nous décidons de récupérer et d’abandonner la manche pour ne pas retarder la flotte. Georges sur son first 26 relaie notre décision à la VHF à l’organisation. La mer est devenue beaucoup plus forte. Les vagues cassent notre allure encore au près pour regagner directement la sud Méaban.

Tous les bateaux sont à nouveau réunis sauf Mistral Gagnant parti réparer au port du Croesty son bris de matériel. Il nous rejoindra le lendemain.

Manche 5
Elle est tirée de la Méaban sud vers la rivière d’Auray pour un mouillage idylique en amont de fort Espagnol (cf photos jointes, on se croirait en Asie).

Un léger crachin nous surprend  en fin de repas et nous prive de notre sortie à terre. Le dessert arrive quand même au bateau ! La nuit au mouillage est une nouvelle fois extra. Mes deux frères prennent la couchette tribord. Moi je m’installe sur la couchette bâbord celle réservée au capitaine. Notre DC20 est équipé d’une couchette qui se déplie jusqu’à la dérive. Elle nous offre ainsi 1m13 en largeur et ce qui faut en longueur pour nos 176 cm max. C’est super confortable pour une personne mais pour deux ce l’est moins. Il faut s’aimer un peu, beaucoup, passionnément. Mes frères ont mis au point la technique du tête-bêche excellente jusqu’au moment ou l’un d’entre eux se lève pour aller soulager un besoin bien naturel.

Jour 3

Nous sommes réveillés par le zodiac d’Alain qui fait le tour des bateaux. Le pain frais dégage une bonne odeur qui tranche avec celle existante dans la cabine. Un bon courant d’air et nous préparons le café. Le ciel est clair et là encore les images sont sublimes. Le calme du petit matin au mouillage, le clapotis du bateau, je ne vous en dit pas plus car vous les connaissez aussi ces moments où le temps s’arrête.

Les équipages se préparent et rangent les bateaux. Les premières voilent se lèvent. Amélie n’est pas la derrière comme d’hab.

Manche 6
Le départ sera donnée au largue oscillant jusqu’au travers.
Notre départ de fort Espagnol en rivière d’Auray n’est pas au top. La bataille est rude avec le first 210, le flush poker et le gib sea 80 (cf photos). Le marquage des bateaux est sévère. Trop gîté, nous décidons de passer au génois pour avoir plus de possibilités de remonter au vent de la flotte lorsque le vent sera franchement de travers. Le bord dure longtemps. Près de la bouée de mi-parcours, notre tactique paie enfin. Le First et le Gib Sea sont passés au vent et distancés. Nous sommes à nouveau bord à bord avec le flush qui mène la flotte. La remontée de la rivière d’Auray au près ne changera pas le classement. Nous prendrons rapidement un mouillage pour l’apéro bien mérité tandis qu’Amélie n’arrêtera pas de tourner.
La pause déjeuner est sympa mais toutes les bonnes choses ont une fin ! Le café est vite bu. Les bateaux se pressent à hisser leurs voiles. Le signal préparatoire est envoyé.
 
Manche 7
Le départ sera sous spi avec un vent arrière soutenu.
Très vite, nous nous détachons à la suite de notre fidèle compagnon, le flush poker : Philéas.
Nous descendons la rivière d’Auray assez rapidement à contre courant pour virer après l’île longue et prendre le goulet de Berder avec le courant. Là, les écarts se creusent nettement. Plijadur marche à donf. Nous passons le Flush malgré ses figures de proue en tangons humains. Premier à la Truie d’Arradon nous filons vers les Logoden pour passer la porte d’arrivée marquée par notre vedette... croyons nous. Trop tard c’était un leurre, la sœur jumelle et vraie vedette d’arrivée, était bien cachée derrière Holavre. Amélie, la finaude, voit notre erreur et coupe pour passer la ligne à notre barbe. Les bateaux arrivent un à un.

            Manche 8
Dès que tout le monde est « groupir », le signal préparatoire est envoyé. La manche nous fait contourner Arz pour une arrivée devant le vieux port de l’île. Cette manche ne m’a pas laissé un grand souvenir. Nous prenons un mouillage pas trop loin de la cale. Re apéro, repos des guerriers, dîner dans le bateau. Il est temps de descendre sur la plage pour le dessert. La navette assurée par le zodiac est rapide et tout le monde se retrouve près de la cale. Mistral Gagnant que nous avions laissé au Crouesty a réparé pour retrouver la régate. Il veut nous fait partager la liqueur de son pays. Il est des pays de Loire et il est armé le seigneur ! Nous décidons d’un commun accord de l’aider à alléger son bateau. Les musicos font fort et l’ambiance est au top sous des lumières de ciels extraordinaires. Nous apprenons que le feu d’artifice du 14 juillet a été repoussé sur l’île. Il sera tiré le soir même. C’est quand même sympa de tirer un feu d’artifice pour nous. Il n’y a pas à dire, l’organisation des amis de conleau est au top. Le spectacle fût magnifique. Le retour au bateau a été scabreux pour certains.
Nuit à bord calme.

Jour 4

L’organisation nous a réservé une très belle surprise. Des amis de conleau privés de notre fameuse PNGP pour cause de rating trop haut, nous rejoignent. Direction Illur en zodiac pour une visite nature de l’île. Cette île a été rachetée récemment par le conservatoire du Littoral. Je la connais très bien pour y venir mouiller depuis de nombreuses années côté est, là où le tirant d’eau écarte presque définitivement la foule des visiteurs. C’est pourtant l’anse la plus belle (cf photos). Le guide nature qui connaît son boulot nous initie aux divers végétaux de l’île propres aux milieux traversés (prairies retournées à l’état sauvage, bord de côtes, partie boisée …) . Nous finissons au milieu du petit village où tant de familles d’agriculteurs ont vécu.  La chapelle nous tend les bras et naturellement la curiosité est la plus forte. Nous y entrons. Chacun prend place pour écouter notre guide. Le silence se fait peu à peu. Une guitare sort des rangs pour rejoindre le cœur. Le chant qui double la guitare sonne merveilleusement et attire tous les instruments du voyage. Concert improvisé, Le temps s’arrête.
Longtemps les guitares ont vibrées. Lorsqu’elles finissent par s’éteindre, tous les équipages sortent en silence, sûrs d’avoir vécu un moment rare.

 

Nous étions en tête de la régate mais avec un point d’avance seulement sur le second le microsail dont la régularité a fait son œuvre. Avec une seconde plus mauvaise manche annulée, notre écart était en fait plus conséquent mais ça nous ne le savions pas.
Alain me demande comment je vois la chose pour la dernière manche, une régate en match racing avec le seul microsail, une manche normale avec toute la flotte. Je lui propose de la faire aux boules. Malgré son organisation impeccable, il n’en disposait pas. Tous, nous décidons de faire une dernière manche avec tous les bateaux.

            Manche 9 et dernière manche :

Le départ a été bizarre, sans le vouloir vraiment le microsail et le DC20 sont partis à la bouée tandis que le reste de la flotte était au bateau comité. A la bouée de dégagement nous sommes bord à bord. Plijadur déborde enfin son compagnon d’échappée à l’occasion du dépassement du first 210. S’en est fini du microsail. Nous nous détachons peu à peu. Le dernier bord de près nous positionne devant le flush qui a été amené à faire un bord de replacement mais ce n’est pas mon concurrent du jour. Celui que je surveille est assez loin derrière mais sait-on jamais. Je reste très concentré. Je ne veux surtout pas faire le virement de trop que pourrait m’imposer une saute de vent. Je cape à fond pour passer pleine ligne sans abattre vers la bouée ce qui nous aurait peut être fait gagner en temps réel. Amélie une nouvelle fois nous grille la politesse sur la ligne. Mais l'essentiel est fait. Nous assurons notre première place au général : CQFD. 

Le classement sera donné sur la plage des logoden. J’ai hérité d’un magnifique nid en goémon confectionné amoureusement par Denise et d’une bouteille qui restait dans les cales de l’organisation. Les discussions vont bon train jusqu’au signal de départ. Certains avaient prévu la mise à terre sur remorque. Tous ont promis d’être là pour la seconde édition de la PNGP.

Vous comprenez maintenant pourquoi, nous sommes tous accros de cette régate déjà si connue. La prochaine édition est pour bientôt. Nous devrons y défendre un titre mais l'essentiel n'est pas là !

Un grand merci à tous les acteurs de cette régate, l’organisation si talentueuse d’abord mais aussi  tous nos concurrents sans qui nous n’aurions pu partager ces moments de vie sur une autre planète.

Amitiés

les résultats

Alain