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La regate des lilas blancs
Sylvain sur Maya
deux annEes Top avec une premiEre Place A la clE !
Les lilas blancs 2018
La météo est mauvaise pour la régate du dimanche. Matin, 20 noeuds d’ouest forcissant rapidement à 30/35 noeuds...
En revanche pour le prologue, la veille c’est l’été ! Vent de nord force 1 à 2 avec de petites risées à 3.
Je cours détendu avec "numéro 1", juste tous les deux. Mer plate, départ moyen puis très vite on remonte les concurrents "dangereux" dans le long bord de près de la sortie du Trieux à l’île Maudez, à l’ouest de Bréhat.
Bords de près courant montant, donc il faut tirer au ras des cailloux pour éviter le flot. A la bouée au vent on est deuxièmes en temps réel, juste derrière l’Open 590 des jeunes du Loguivy Canot Club, de niveau national en Optimist... et bientôt quelle que soit la série tant ils progressent ! En tout cas c’est notre temps, on est léger et on va fumer tout le monde (Neptune 625, Surprise, Muscadet) en temps réel et l’Open en temps compensé c’est sûr. Sauf que je calcule mal mon passage de bouée avec un vent molissant et que je l’effleure. Imbécile que je suis j’ai oublié le peu de règles que je connaissais et je m’obstine, sans vitesse, à repasser la bouée, pendant que les poursuivants passent les uns après les autres, certains avec un joli sourire aux lèvres.
Donc une fois l’erreur réparée on se retrouve assez loin de la flotte, mais le long bord de spi dans le courant dérive relevée,
le passage de bouée sous le vent impeccable et l’attaque de la ligne devant Loguivy en jouant des risées anarchiques et des courants fluctuants sont payants : on a "pourri" tout le monde... sauf l’Open, en temps compensé.
Si je m’étais rappelé que je pouvais réparer la pénalité de la bouée au vent quelques instants après, en faisant un 360° tranquillement dans le courant favorable, plutôt qu’en m’obstinant à la revirer, on aurait très largement gagné le prologue.
D’où le sourire de certains...
Le lendemain on est quatre à bord. Vent force 4 à 5 déboulant du Trieux pour une bouée de dégagement avant un long bord de spi vers l’île Maudez toujours, puis remontée contre vent et courant, puis... on verra la suite plus tard.
Les "ennemis" sont ceux d’hier, notamment les Neptune particulièrement affûtés, un Téquila Sport "amélioré", un Muscadet, un Surprise et un First Class 8, mais dont les équipages ne sont pas au top apparemment. C’est un vrai problème d’ailleurs, quand on trouve des bateaux à aligner au départ, les équipiers manquent où ne sont pas réguliers. Dommage.
Tout de suite on décide de partir lancé derrière le bateau comité, pour tirer à droite, c’est-à-dire côté rive gauche du Trieux. Le courant sera moins fort et le vent plus soutenu et, peut-être, plus régulier. Je le sens comme çà, alors que nos concurrents se placent le long de la ligne, tribord amûre, pour lofer au coup de canon et s’élancer vers la bouée au vent. Boum c’est parti. On a cinq à dix secondes de retard mais je m’en f... on déboule et on vire au cul du comité pour tirer très à droite du plan d’eau, en remontant la rivière donc. Je ne regarde pas les autres, on navigue au rappel, à plat. Au premier virement pour nous replacer à terre on voit qu’on n’est pas mal. Deuxième virement cap sur la bouée. On n’est pas monté trop haut, juste bien, on déboule tribord. Pas mal... d’autant que l’amûre prioritaire ne sert à rien : on est premier à la bouée, devant l’Open 590 !
Envoi de spi immédiat plein vent arrière. Bien rester au milieu pour profiter au maximum de la descendante. Je n’en reviens pas : en dix ou quinze minutes on a semé tout le monde !
Je suis inquiet, comme d’habitude quand le vent forcit et qu’on est sous spi avec ce foutu dériveur. "Number one" a été très bien dans les manoeuvres de spi, Lorène aussi au piano (moins de 88 notes mais quand-même...) et Renan assure aux écoutes. Je le sais mais je regarde souvent les risées qui nous arrivent dessus, sous un ciel de plus en plus noir. Phare de la Croix, on est premiers en réel l’Open devant empanner sans cesse, spi asymétrique oblige.
L’angoisse monte d’un cran quand on se dit qu’on va enrouler la bouée sous le vent avec personne devant, et qu’on ne la voit pas.
Ça y est, elle est au bout là-bas ! On répète dix fois la manoeuvre à voix haute, pour éviter le stress, surtout si tout part en c... dans une survente. Mais non, le vent ne dépasse pas 20 noeuds et sous spi on déboule, c’est tout !
Jusqu’au moment où en amenant la bulle, après avoir établi le foc et baissé la dérive, on entend, alors que j’ai commencé l’auloffée, "de l’eau !". Ce sont les petits jeunes de l’Open 590 qui sont aux taquets et nous le rappellent !
Dès la fin de l’auloffée je sens qu’on va ramer : le courant nous fait déraper fortement et la flotte apparemment bien larguée commence à amener ses spis pas si loin de nous. Je décide de traverser le plan d’eau et d’aller remonter tout le parcours côté bâbord, vers l’archipel de Bréhat, où j’estime que le vent sera moins rafaleux et le courant contraire moins fort, voire par endroit favorable. A ce moment la traversée du chenal du Trieux s’apparente à celle du désert. On dérape, alors que tout le monde turbine de l’autre côté... Mais une fois replacés près des cailloux de l’archipel, on sent que l’option est bonne. Nous à gauche et eux tous à droite !
On les tient, visiblement on ne perd pas de terrain. Avec notre rating l’espoir est permis. Mais ce n’est pas fini ! Comme tout le monde on enchaîne de cours bords pour ne pas retomber dans le jusant de plus en plus fort. Le vent monte, on prend un ris. On met un temps fou et pas les autres. Ne pas s’énerver ! Arrivés à mi-parcours entre la bouée sous le vent et la bouée au vent qu’on devine dans l’axe, en doublant le phare de la Croix donc, je "checke" ceux qui peuvent nous devancer. Nous sommes à 200m les uns des autres. L’Open est un peu devant, le Neptune d’Alan est à notre niveau mais c’est une bête de près, et celui d’Anne-Lise est un peu derrière : on est bon !!!
On continue à longer la caillasse à bâbord, les autres font pareil à tribord. A un moment on devra retraverser le plan d’eau pour se recaler sur la bouée, on dérapera mais j’en suis sur maintenant, on sera devant. D’autant plus qu’on entend à la VHF que le parcours est réduit et que la ligne d’arrivée sera au bateau comité à 500m. On est à ce moment précis à la croisée du chenal du Trieux que tout le monde remonte et, en ce qui nous concerne nous seuls, du chenal du Ferlass. Une minute à continuer en tirant un peu sur le bateau : si ça devait durer il faudrait un deuxième ris, mais là, pour quelques dizaines de mètres on joue avec notre rappel, la GV débordée et le petit coup de barre qui va bien.
Sauf que... paf ! Plus rien dans la barre ! Le safran est vrillé à l’horizontale, à fleur d’eau !
Le zodiac de Pascal vient nous tirer d’un pas de plus en plus mauvais, la roche n’étant pas à cet endroit des plus aimables. C’est fini... On était deuxième ou troisième en réel et loin, très loin devant en compensé. Sauf qu’on n’a pas coupé la ligne...
Après coup j’ai forcément revécu cinquante fois la scène et voilà mon explication. On tire sur le DC20, certes un ris de plus et on naviguait plus à plat en sollicitant donc moins le safran. Mais surtout en arrivant au croisement des deux chenaux on s’est retrouvé avec un vent de 25 à 30 noeuds tribord et un courant fort de mi-marée latéral bâbord. Effet "bras de levier", la pelle a résisté mais pas les joues inox, soudées en 1968...
J’aurais peut-être dû y penser, mais je voulais juste arriver devant tous les copains.
L’année prochaine ?
Lilas Blancs 2019
Vent fort pour le prologue. Le souvenir du safran cassé de l’été dernier m’angoisse : je fais demi-tour. Prudence...
Le dimanche, on est trois à bord : "number one" et Lorène.
Le vent tombe au départ. Courant dans le nez, je longe la ligne sans la passer, je vire et... ne la passe pas. M...e !
Les deux Neptune sont déjà à cent mètres. Comment font-ils ?
Je vois un semblant de risée à bâbord, au ras de Loguivy. On y va. Ça semble pas mal, on progresse doucement au vent. Les Neptune sont déjà près de la bouée de dégagement ! Miracle, science acquise ou innée (je penche pour la première explication), le vent rentre à 7 ou 8 noeuds et nous accélérons franchement pour passer la bouée en quatrième position. Envoi de spi, foc sur le pont et dérive relevée. Le reste de la flotte (17 concurrents en tout) est loin derrière. On va les fumer ! Le parcours est simple, pas d’option, courant favorable, juste aller vite. Force 1 à 2, légère gîte et poids sur l’avant, on double tout le monde tranquillement.
Sauf l’Open, qui n’est pas si loin d’ailleurs. Bouée sous le vent enroulée au large de Paimpol, on remonte au près au milieu de la Baie, courant dans le nez. Les Neptune reviennent, mais on les bat en réel.
La deuxième manche l’après-midi se joue par force 3 puis deux. Tout au près sauf un bord de spi. Là encore peu d’option mais la déconvenue de voir ces bombes de Neptune dans leur allure favorite.
Mais on ne lâche rien, à aucun moment. Seulement quand je vois au loin l’Open 590 je me dis qu’on est deuxième, troisième...
Alan sur son Neptune nous guette juste derrière la ligne d’arrivée . Visiblement il est inquiet et c’est bon signe.
Le soir devant le bistrot de Loguivy, "chez Gaud", le verdict tombe. On est premier et deuxième, et Alan troisième et premier.
Donc... Yes ! Cette fois est la bonne.
A l’année prochaine !
On avait d’ailleurs bien commencé avec la régate SNSM où on avait, par 10 à 15 noeuds, gagné quatre manche sur quatre, dont deux en temps réel. Un oubli de passage de perche nous avait coûté une manche et la victoire. Mais on s’en fiche un peu, le plaisir est là, et le DC20 "Maya", rebaptisé ici "La cabane sur les quais", quel canot’ !!!
L’idéal pour ce voilier est de courir sur des parcours côtiers, car dès qu’il y a un peu de bon plein, il n’y a plus personne. Sur des parcours techniques, type banane, c’est jouable mais plus "sport". Foc étroit et bien rentré au près, grand-voile puissante et manoeuvres réussies. Sinon ça ne suffit pas. Et bien sûr il faut toujours un peu de chance et de bons départs. Mais ce n’est pas une science exacte et qu’est-ce qu’on se marre dans ces régates ! Même si on se regarde parfois en chiens de faïence... juste pour la frime (pas sérieuse).
Sylvain |