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un portique d'atelier et de mise à l'eau "Reussi" pour le DC20

Réalisé sans soudure et d'un montage sans outil ....

Philippe désirait acheter ou réaliser un portique d'atelier suffisamment solide pour soulever les 1,2T de son DC20.

Je rêvais depuis quelques temps de me dispenser du grutage au chantier (94€ minimum ... quand même!) et de pouvoir faire les mises à l'eau/ terre de mon DC20 en toute autonomie. J'imaginais poser le DC20 sur une plage ou un quai et laisser tranquillement la marée faire le reste. 3/4 d'heures suffisent pour que le bateau flotte lors de la mise à l'eau ou assèche pour la mise à terre. Enchaîner la manœuvre sur une plage avec plusieurs DC20 constituait dans mon esprit un véritable aboutissement.

Mais entre le rêve et la réalité, le portique n'est pas évident à concevoir. Il doit être léger, transportable, d'un montage aisé et rapide, réglable pour accepter une pente d'au moins 10° et …. solide bien sûr. Tout cela est bien antinomique et à ma connaissance, personne n'est allé aussi loin dans ce concept..

De la conception à la réalisation du prototype de portique hybride

Les portiques vendus dans le commerce avec une portée de 3m nécessaire pour accepter la remorque et soulever notre bateau sont trop lourds ( 230-280 kg minimum) et très encombrants. Il ne correspondent pas au besoin. J'ai dessiné plusieurs portiques à 4 pattes simples et légers mais Agathe la fille d'André m'a indiqué après calcul qu'ils ne résisteraient pas à une charge supérieure à 500 kg.

Les recherches menées sur Internet par Guy nous ont conduit vers un portique simple composé principalement de 2 étais de maçon et d'un IPN de 150 mm pour une portée de 3 m. Ce portique permet de lever une bille de bois avec un palan central. Chaque étai est maintenu verticalement par 2 bras formant un trépied aligné. Des cornières solidarisent l'IPN aux étais.

L'idée de l'utilisation de l'étai de maçon est là. Merci à eux.


Mais l'expérimentation faite sous mon auvent montre que le palan central oblige à être dans le bateau lors de la manœuvre. Ce qui est loin d'être idéal lorsqu'il faut descendre du bateau en l'air…. De plus, il nécessite pour soulever notre bateau, un IPN en acier de 140 mm de hauteur, par définition très … trop lourd.

De là s'est imposée l'idée d'utiliser 2 ou 4 palans que je détenais déjà avec des sangles en berceau passant sous le bateau.

Je dispose d'un auvent intégrant un portique. Les essais réalisés avec mon fiston Ronan avec 4 palans montrent que la manœuvre se fait sans problème avec deux sangles en berceau. Des retenues sont nécessaires pour maintenir les sangles écartées et positionnées au bon endroit à l'avant et l'arrière du saumon. Avec Eric, nous décidons d'en rester à 2 palans pour simplifier et réduire les risques de fausses manœuvres. Les essais sont concluants.

Les efforts sur la poutre sont mécaniquement réduits et redirigés sur les 2 étais de maçon qui travaillent en compression. Ceci permet d'alléger la poutre et d'opter pour une simple poutre bois de section 10/10 cm en 3 m de long. Les étais peuvent être réglés à 225 - 235 cm, soit bien en deçà des 3m et plus nécessaires avec un seul palan central. Enfin, la manœuvre se fait à l'extérieur du bateau ce qui est un gage de précision et de sécurité.

Bingo, c'est la solution.

Les étais 3è main sont très légers, faciles et rapides à régler en longueur. C'est un avantage indéniable pour un portique de mise à l'eau qui doit s'adapter à la pente de la cale. Je lorgnais sur cet accessoire pour servir de contreventement dans notre portique. Les avis des quelques pros que j'avais recueuillis allaient tous dans le même sens, "ça va pêter". Philippe aussi avait vu l'intérêt des étais 3è main. Action, réaction, il ose et les teste. Il réussit à lever le bateau avec une sangle à cliquets. Mise à part la descente un peu brutale du bateau … C'est tout bon !

Les principes sont trouvés. Le portique idéal est devenu réalité. Il est facilement démontable, léger et peu encombrant. Il peut se glisser démonté sur la remorque du bateau.

Avec une poutre bois, je finalise de mon côté les essais avec Eric et Sylvain. Le bateau est soulevé (cf image ci-dessous). la remorque sera ensuite dégagée et le bateau posé au sol.

Reste maintenant à consolider le portique. Deux fers de chaque côté en tube rectangulaire remplaceront le tasseau bois pour bloquer la liaison poutre – étais de maçon. J'abandonne les sangles à cliquets trop longues à ajuster pour des sangles à fermeture simple. Les sangles et les étais 3è main ne seront de toute façon pas en mesure de retenir un bateau d'une tonne si le portique est trop déséquilibré. Les efforts doivent être portés par l'étai de maçon. La verticalité de ce dernier est une contrainte à respecter.

Le portique accepte la remorque de route ancienne de mon bateau. Elle a un gabarit en largeur supérieur aux remorques de route actuelles pour DC20.

Nous avons poussé assez loin les essais. Les mouvements transversaux sont bien encaissés. Un vent moyen ne devrait donc pas poser trop de problèmes lors de la manœuvre. Le pointe avant du bateau reste assez mobile de bas en haut. Cette caractéristique n'est pas véritablement un inconvénient. Elle est même assez avantageuse lors de la pose du bateau sur la remorque pour ajuster l'étrave à la cale avant de la remorque.

Nous avons "joué" aussi avec la verticalité (cf photo), sans toutefois pousser trop loin ... ça passe aussi. Nous avons enfin testé le portique à vide sur une pente de 10° identique à celle de la cale de Kérino où j'envisage les mises à l'eau. Tout Baigne .. si je puis dire.

 

Pour être manœuvrable, la recherche de la légèreté a été une priorité absolue. Le portique pèse seulement tout compris 61 kg. L'élément le plus lourd est la poutre munie des fers en tube rectangulaire: 20.7kg. Chaque étai de maçon pèse 10.5 kg.. Tout est maintenant optimisé. Le portique se monte et se démonte sans outil. Il se range en un tour de main sur la remorque du bateau.

L'essai "grandeur nature" de mise à l'eau / mise à terre a été réalisé le 26 février 2023.

Les conditions météos étaient bonnes mais voulant faire l'aller - retour sur la même marée nous avons été un peu pressé par le temps. Nous sommes arrivés sur la cale à 8h20 pour une pleine mer à 10h10 hauteur d'eau de 2.91 m. (coef 80). Le montage du portique a démarré dans la foulée avec Sylvain et Pierre.

Le portique a été monté juste derrière le bateau ce qui limite les déplacements et facilite le positionnement du bateau sous le portique.. Pierre découvrait le portique.

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A 9h, le bateau était levé, remorque déplacée et rangée sur le haut de la cale. Dès le bateau posé, le portique a été remonté sur la cale dans l'attente de la mise à terre que nous allions enchaîner à marée descendante.

Lors de la manœuvre nous n'avons aucunement été gêné par la pente à 10°. Les fils à plomb installés pour vérifier la verticalité en continu de l'étai n'ont pas été efficaces compte tenu du vent. L'usage d'un niveau aimenté est de loin préférable.

Les béquilles latérales se sont avérées trop longues car je n'avais pas mis de cales de protection sous le saumon ce que je fais toujours. Je vais modifier les béquilles en conséquence. (Dans le sable, les béquilles s'enfoncent. Elles doivent être encore plus courtes pour que le poids du bateau soit repris par le saumon. J'ai intégré ce paramètre avec une béquille racourcie dotée d'une cale qui permet de la sur-élever) La béquille arrière s'est elle aussi avérée trop courte du fait de la pente. Elle sera elle aussi modifiée.

Le bateau a été hissé avec le mât couché pour le transport. C'est une bonne formule car une fois le bateau posé nous avons tout le temps pour lever le mât et armer le bateau avant qu'il ne flotte. ( Depuis cet essai, nous avons testé la manoeuvre avec le mâtage sur remorque que nous pratiquons fréquemmen lors du grutage traditionnel. C'est aussi une bonne formule car le bateau est forcément plus stable que lorsque le bateau flotte. Il devient ausi possible de gréeer le bateau complètement sur remorque. Les deux solutions ont donc leurs avantages. Celle retenue dépend du temps à disposition pour faire la manoeuvre car la marée n'attend pas !).

Une mise à l'eau en fin de marée montante telle que nous l'avons pratiquée pour l'essai, comporte le risque que le bateau n'ait pas la hauteur d'eau suffisante pour flotter car dans la dernière heure la montée d'eau est d'un 12è seulement de la hauteur d'eau totale prévue pour la marée. Il est donc préférable de prendre un peu plus de marge et de réaliser la manoeuvre au plus tard à mi marée. Il n'y a pas de temps perdu. Le bateau sera à flot plus tôt, c'est tout. (Sur une plage, la mise à l'eau peut aussi se faire à marée complètement basse. Le sable est alors plus sec et plus compact. Le remorquage s'en trouve facilité. L'opération se fait alors en deux temps: - Dépose sur le sable et préparation du bateau à marée basse. - récupération du bateau flottant quelques heures plus tard à marée haute. Il suffit d'ancrer le bateau à l'avant et à l'arrière pour qu'il reste bien sage pendant votre absence).

DC20

Attention au choix du jour de la mise à l'eau. Les cales sont fréquentées le week-end. Si la mise à l'eau d'un seul bateau avec portique ne pose pas de problème sur une cale large, celle de plusieurs bateaux ne sera pas possible sauf à bloquer l'usage de la cale. Il faudra dans ce cas opter pour une plage. Dans le golfe, les possibilités sont moindres que sur l'océan. Le marnage y est assez faible et les sols vite vaseux. Un coefficient de marée de 80 minimum est souhaitable pour rester sur le haut de la plage.

La mise à terre s'effectue bien sûr à marée descendante. Elle comporte peu de contrainte horaire car le bateau échouera toujours. Faire l'exercice à pleine mer permet cependant d'être en haut de cale ou de plage et de bénéficier d'un sol plus "propre".

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A 12h05, lorsque le bateau est devenu accessible à pieds secs, nous avons repositionné le portique, hissé le bateau, amené la remorque sous le portique, posé le bateau sur la remorque, démonté et rangé le portique sur la remorque.

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A 12h50, très heureux de la parfaite réussite du portique, nous faisions route vers le délicieux poulet frites concocté par Manou pour l'occasion.

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La saga du portique méritait ce développement car c'est un bon exemple de recherches et de travail collectif des membres de l'ASPRO DC20. Les avancées ont été faites à Rennes et à Séné, chacun testant un aspect différent du futur portique. La force du travail collaboratif est là.

Après avoir effectué plusieurs mises à terre et mises à l'eau tant sur plage que sur cale, je peux affirmer après plus d'un an d'utilisation que le portique répond parfaitement au besoin. Le temps de l'opération demande de la méthode et est cependant forcément plus long qu'avec un grutage classique ou l'utilisation d'une remorque cassante. Si comme moi, vous ne disposez pas d'un véhicule 4 roues motrices, le choix de la plage n'est pas neutre. J'ai choisi une faible pente et une plage dotée d'un sable bien compact.

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Le portique présenté ici est libre de droit. Si vous le copiez, laissez nous un message sur le site pour nous en informer, cela nous fera plaisir. Merci d'avance.

Remarque: Les hauteurs d'eau ne sont pas forcément complètement corrélées au seul coefficient de marée. Une marée d'un coefficient inférieur à la marée précédente peut avoir une hauteur d'eau supérieure. Ce constat assez curieux mérite d'être expliqué. L'idée d'un portique de mise à l'eau va finir dans les astres pour ne pas dire dans les étoiles !...

Le portique en détail vous est présenté ci-après.

........................................................Place aux photos.

Minimaliste ! Pour éviter tout écartement des pieds des étais 3è main, Philippe a opté pour une simple sangle. Les étais de maçon sont posés directement sur le sol.

Pour ma part, j'ai doublé d'une sangle les étais 3è main dans leur fonction de maintien des étais de maçon à la verticale.

Après essais et ajustements, il s'avère que le montage du portique est rapide (une demi heure à deux pour hisser le bateau). Dans une pente à 10°, la tête de l'étai et donc le palan se décale de 40 cm à 2,25m et 55 cm à 3 mètres. C'est beaucoup. Les étais 3è main poussent, les sangles retiennent. leur réglage permet d'avoir un étai de maçon parfaitement vertical. Le montage se finalise au niveau.

L'étai de maçon permet de régler la hauteur du portique à la hauteur voulue. Le palan hissé à fond passe entre les deux fers fermant l'angle supérieur du portique. Le palan est positionné à la verticale du bord de la coque.

Des boulons à œil et de simples goupilles ont remplacé les boulons standard pour supprimer tout outillage et accélérer le montage et le démontage. Tout doit aller très vite car il y a beaucoup d'autres choses à faire pour préparer le bateau à la navigation lors de la mise à l'eau.

Pour l'étai 3è main, sa tête est goupillée à sa fixation boulonnée à demeure sur l'étai de maçon, son pieds se glisse dans la cale prévue à cet effet. Enfin, la planche support est adaptée au rangement des étais de maçon. Le tout se glisse sur la remorque.

Les élingues - sangles de levage sont pré-réglées. On ne touche plus à leur longueur prévue pour passer sur l'avant et l'arrière du saumon.

Lors de la mise à l'eau, le bateau doit tenir droit et ne pas tomber sur le portique lorsque les sangles en berceau sont retirées. Les béquilles latérales et arrière sont nécessaires. Elles permettent aussi de mâter et d'armer le bateau avant qu'il ne flotte.

Béquilles latérales et arrière en place.

Le portique en chiffres:

Matériels

Kg unité

Kg total

Prix unité

Prix total TTC €

valeur 2022

Poutre


13,5

-

33

Tubes rectangulaires

1,8

7,2

-

20

2 Étais de maçon

10,5

21

35

70

4 Étais 3è main

2,25

9

42

168

Boulonnerie – tiges filetées


1


50

2 Planches support

4,7

9,4

6,5

13

S/Total portique


61,1


291€

Matériel déja en ma possession .....        

Palans à chaîne 3m

6,5

13

148

296

2 mousquetons triangulaires inox

0,1

0,2

6,2

12,4


Petite élingue

0,1

0,2

6,2

12,50

élingues Sangles

2

4

31,64

63

S/Total


17,4


383,9

Total Général


78.5kg


674,9

Alain et Philippe